Le marché africain du café et du thé connaît une évolution rapide face aux défis climatiques, aux nouvelles réglementations internationales et à la demande croissante pour des produits durables. Notre analyse décrypte les tendances actuelles et futures qui façonnent ces secteurs cruciaux pour l’économie africaine.
L’Afrique et ses filières café-thé : un potentiel encore sous-exploité
L’Afrique demeure un acteur incontournable sur l’échiquier mondial du café et du thé. Berceau historique du café arabica et région d’excellence pour la production de thé noir, le continent africain contribue significativement à l’approvisionnement mondial. Selon les dernières données de l’Organisation Internationale du Café (OIC), l’Afrique génère environ 12% de la production mondiale de café, tandis que la FAO rapporte que des pays comme le Kenya et le Rwanda figurent parmi les producteurs de thé les plus dynamiques au monde.
Pourtant, malgré ce patrimoine riche et ce savoir-faire ancestral, les producteurs africains ne captent qu’une infime partie de la valeur générée par ces filières. Comme nous l’avions souligné dans notre article sur les défis de la chaîne de valeur africaine, moins de 10% de la valeur finale d’une tasse de café ou de thé revient généralement aux producteurs.
Position 0 – Liste : Les principales tendances du marché africain du café et du thé en 2025
- Essor des certifications durables et éthiques (commerce équitable, biologique, Rainforest Alliance)
- Développement des indications géographiques et des cafés/thés de spécialité à forte valeur ajoutée
- Digitalisation des chaînes d’approvisionnement avec adoption de technologies blockchain
- Adaptation au changement climatique par l’agroforesterie et les variétés résistantes
- Intégration verticale avec développement de la transformation locale et des marques africaines
- Conformité aux nouvelles réglementations internationales (EUDR, lois anti-déforestation)
Les grandes tendances qui redessinent le paysage du café et du thé africain
La montée en puissance des certifications durables
L’une des tendances les plus marquantes du marché africain du café et du thé est l’accélération des certifications durables. Face à des consommateurs de plus en plus soucieux de l’impact environnemental et social de leurs achats, les certifications comme Fairtrade, Rainforest Alliance ou les labels biologiques deviennent des prérequis pour accéder aux marchés premium.
D’après Fairtrade International, le nombre de coopératives africaines certifiées a augmenté de 27% au cours des trois dernières années. Cette tendance est particulièrement notable en Éthiopie et au Rwanda pour le café, et au Kenya et en Tanzanie pour le thé.
« Les certifications ne sont plus une option mais une nécessité pour les producteurs africains visant les marchés à forte valeur ajoutée », explique TechnoServe, une ONG spécialisée dans le développement des filières agricoles en Afrique.
L’émergence des cafés et thés de spécialité africains
La deuxième tendance majeure est l’expansion rapide du segment des spécialités. Les cafés notés au-dessus de 80 points sur l’échelle de la Specialty Coffee Association (SCA) et les thés fins à haute valeur organoleptique représentent une opportunité considérable pour les producteurs africains.
Comme le révèle notre étude sur la consommation des thés africains en Europe, la demande pour les thés de spécialité africains a connu une croissance annuelle de 15% sur les marchés européens, avec une prime de prix pouvant atteindre 300% par rapport aux thés conventionnels.
Des régions comme les hauts plateaux éthiopiens (Yirgacheffe, Sidamo), les montagnes rwandaises ou les terres volcaniques kenyanes développent des profils aromatiques uniques qui séduisent les marchés internationaux. Ces terroirs d’exception constituent la base d’une stratégie de différenciation prometteuse.
L’intégration des technologies numériques dans la chaîne de valeur
La digitalisation transforme progressivement les chaînes d’approvisionnement du café et du thé africain. Les technologies blockchain, en particulier, révolutionnent la traçabilité et la transparence, deux éléments de plus en plus valorisés par les consommateurs.
Des initiatives comme celle de Moyee Coffee en Éthiopie ou Blockchain Coffee au Rwanda permettent aux consommateurs de tracer leur café de la tasse jusqu’à la parcelle de production, créant ainsi une connexion directe avec les producteurs.
Les plateformes numériques facilitent également l’accès aux marchés et aux informations sur les prix, réduisant la dépendance des agriculteurs vis-à-vis des intermédiaires. Selon le Centre du Commerce International (ITC), les producteurs utilisant ces plateformes obtiennent en moyenne 15-20% de revenus supplémentaires.
Les défis majeurs et les stratégies d’adaptation
L’impact du changement climatique sur la production
Le changement climatique représente sans doute le plus grand défi pour l’avenir du café et du thé africain. D’après un rapport récent de Climate Edge, d’ici 2050, jusqu’à 50% des terres actuellement adaptées à la culture du café en Afrique pourraient devenir inadaptées sans mesures d’adaptation significatives.
Les producteurs développent des stratégies innovantes pour faire face à cette menace :
- L’adoption de systèmes agroforestiers qui protègent les plants de café et de thé contre les températures extrêmes
- Le développement de variétés résistantes à la sécheresse et aux maladies
- La diversification des cultures pour réduire les risques économiques
Ces approches, soutenues par des organisations comme l’Alliance for Coffee Excellence, permettent non seulement d’atténuer les effets du changement climatique mais aussi d’améliorer la qualité des produits.
La conformité aux nouvelles réglementations internationales
L’entrée en vigueur du Règlement européen sur la déforestation (EUDR) en 2025 constitue un défi de taille pour les exportateurs africains. Cette réglementation exige que tous les produits, y compris le café et le thé, entrant sur le marché européen soient exempts de déforestation et respectent les législations locales.
Les producteurs doivent désormais mettre en place des systèmes robustes de traçabilité géospatiale, un investissement considérable mais nécessaire pour maintenir l’accès au marché européen, destination de plus de 30% des exportations africaines de café et de thé.
Perspectives d’avenir et recommandations stratégiques
L’intégration verticale et le développement de marques africaines
La capture d’une plus grande part de la valeur ajoutée passe nécessairement par l’intégration verticale. Des initiatives comme Rwanda Mountain Tea ou Gorilla’s Coffee au Rwanda illustrent le potentiel d’une stratégie combinant production locale et développement de marques africaines reconnues internationalement.
Le rapport annuel 2025 de l’African Fine Coffees Association souligne que les pays africains transformant localement au moins 30% de leur production génèrent en moyenne 40% de revenus supplémentaires par rapport à ceux qui exportent principalement des matières premières brutes.
Le développement des marchés de consommation locaux
Une tendance émergente particulièrement prometteuse est l’expansion des marchés de consommation intérieurs. Alors que l’Afrique produit près de 12% du café mondial, elle n’en consomme que 3%. Cette disparité représente une opportunité considérable de développement.
Des chaînes comme Kaldi’s Coffee en Éthiopie ou Java House au Kenya, Uganda, Rwanda stimulent la culture du café urbaine africaine, créant une demande locale pour des produits de qualité et réduisant la dépendance vis-à-vis des marchés d’exportation volatils.
Conclusion : vers un avenir durable et équitable pour le café et le thé africain
L’analyse des tendances actuelles du marché africain du café et du thé révèle un secteur en pleine mutation, confronté à des défis considérables mais également riche d’opportunités. La durabilité, la qualité et l’innovation technologique se profilent comme les piliers d’un développement résilient et équitable de ces filières essentielles pour l’économie africaine.
Pour les producteurs, coopératives et entrepreneurs africains, saisir ces opportunités nécessitera des investissements stratégiques dans la qualité, la durabilité et la différenciation. Pour les consommateurs et les acteurs de la chaîne de valeur mondiale, soutenir ces efforts signifie reconnaître et valoriser justement l’exceptionnelle qualité et diversité du café et du thé africain.
Nous vous invitons à participer à la prochaine édition de l’Africa Coffee & Tea Expo qui se tiendra à Kigali en juillet 2025, une occasion unique d’explorer ces tendances fascinantes en première ligne.
Vous êtes producteur, exportateur ou simplement passionné par le café et le thé africain ? Partagez votre expérience dans les commentaires et abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir nos analyses exclusives sur l’évolution du marché africain du café et du thé.