L’inclusion des femmes et des jeunes représente un enjeu majeur pour l’avenir des filières café et thé en Afrique, un sujet qui occupera une place centrale lors de l’Africa Coffee & Tea Expo 2025. Si ces deux cultures constituent des piliers économiques essentiels pour le continent, leur plein potentiel ne pourra être atteint qu’en mobilisant l’ensemble des talents disponibles.
Les femmes: Piliers méconnus de la production
Dans les plantations de café et de thé à travers l’Afrique, les femmes représentent souvent jusqu’à 70% de la main-d’œuvre agricole. Pourtant, leur contribution reste largement invisible et sous-valorisée.
« Les femmes sont présentes à toutes les étapes de la production, de la plantation à la cueillette, en passant par le triage et la transformation primaire », explique Maria Karanja, fondatrice de Women in Coffee Alliance. « Mais elles n’ont généralement qu’un accès limité aux ressources productives, à la formation et aux revenus générés. »
Cette situation commence toutefois à évoluer, grâce à des initiatives comme le programme « Café au Féminin » en Côte d’Ivoire ou « Women in Tea » au Kenya, qui visent à renforcer le rôle des femmes à tous les niveaux de la chaîne de valeur.
Histoires inspirantes de leadership féminin
Plusieurs femmes entrepreneurs transforment actuellement le paysage du café et du thé africains:
- Florence Njage, fondatrice de « Kahawa Queens » au Kenya, a créé une marque de café haut de gamme entièrement gérée par des femmes, de la ferme à la tasse. Son entreprise emploie aujourd’hui plus de 200 femmes et exporte vers l’Europe et l’Asie.
- Asnakech Thomas, première femme propriétaire d’une station de lavage de café en Éthiopie, a révolutionné la production locale en introduisant des méthodes de traitement innovantes qui ont significativement amélioré la qualité et la valeur du café.
- Swaady Martin, fondatrice de YSWARA, a développé une marque de thé de luxe qui valorise les saveurs africaines sur le marché international, tout en appliquant un modèle d’affaires éthique qui maximise les revenus des producteurs.
Ces pionnières démontrent que l’intégration des femmes dans des rôles décisionnels peut transformer positivement l’industrie, notamment en apportant des solutions innovantes aux défis climatiques auxquels font face les producteurs.
Les jeunes: Vecteurs d’innovation et de continuité
La question de l’engagement des jeunes dans les filières café et thé est tout aussi cruciale. Avec une population africaine majoritairement jeune et un exode rural persistant, assurer la relève dans ces secteurs traditionnels constitue un défi majeur.
« Beaucoup de jeunes perçoivent l’agriculture comme un secteur peu attractif, offrant des revenus incertains et un statut social limité », note un expert en développement rural. « Pourtant, le café et le thé peuvent offrir des opportunités entrepreneuriales passionnantes, surtout avec l’intégration des nouvelles technologies. »
Initiatives prometteuses pour attirer la jeunesse
Des programmes innovants émergent pour changer cette perception et attirer une nouvelle génération de professionnels:
- L’initiative « NextGen Coffee » en Ouganda forme des jeunes aux techniques modernes de culture et de transformation du café, tout en les accompagnant dans la création de micro-entreprises.
- Au Rwanda, Afrik Tea & Coffee met sur pied un programme qui aide les agriculteurs à l’utilisation de technologies numériques pour optimiser la production et accéder directement aux marchés internationaux.
- En Tanzanie, « Coffee Tech Hub » offre un espace d’incubation pour les startups développant des solutions technologiques pour la filière café.
Ces initiatives seront présentées lors de l’ACT Expo 2025, où un espace dédié aux jeunes entrepreneurs permettra de découvrir leurs innovations et de faciliter les partenariats avec des investisseurs.
L’autonomisation économique comme objectif
Au-delà de la participation, l’enjeu réel est l’autonomisation économique des femmes et des jeunes. Des modèles comme les coopératives exclusivement féminines ou les entreprises dirigées par des jeunes montrent la voie.
« L’accès au financement reste un obstacle majeur », souligne un expert en financement agricole. « Des mécanismes comme les prêts collectifs pour les groupements de femmes ou les fonds spécifiquement dédiés aux jeunes entrepreneurs sont essentiels. »
L’Africa Coffee & Tea Expo 2025 sera l’occasion de mettre en lumière ces histoires de réussite et d’inspirer d’autres femmes et jeunes à s’engager dans ces filières d’avenir. Des sessions spéciales seront consacrées au partage d’expériences et à la discussion de politiques favorisant l’inclusion, reconnaissant ainsi que le futur du café et du thé africains passe nécessairement par l’implication active de ces groupes trop longtemps marginalisés.