Top 10 des Pays Producteurs de Thé en Afrique

par | Avr 27, 2025 | 0 commentaires

Bien que l’Asie reste le berceau historique du thé, l’Afrique s’est imposée comme un acteur incontournable sur le marché mondial. De la vallée du Rift aux montagnes rwandaises, découvrez comment le continent africain est devenu en moins d’un siècle une puissance théicole majeure, avec des productions qui rivalisent désormais avec les plus grands crus asiatiques.

L’émergence d’une culture théicole africaine

L’histoire du thé en Afrique est relativement récente comparée à celle de l’Asie. Les premières plantations y ont été établies à la fin du XIXe siècle par les colons britanniques et allemands, d’abord en Afrique du Sud, puis au Malawi, avant de s’étendre progressivement vers d’autres régions du continent. Aujourd’hui, le thé est cultivé dans plus d’une douzaine de pays africains et représente environ 12% de la production mondiale.

Ce qui distingue particulièrement la production africaine, c’est son rendement exceptionnel – près de 2 tonnes par hectare contre 0,7 tonne en Chine – ainsi que sa spécialisation historique dans les thés noirs de type CTC (Crushing-Tearing-Curling). Cependant, depuis quelques années, une diversification remarquable s’opère avec l’émergence de thés verts, blancs et même de spécialités innovantes comme le thé violet du Kenya.

Voici le classement des 10 principaux pays producteurs de thé en Afrique, avec leurs spécificités et leurs contributions au patrimoine théicole mondial.

1. Kenya : Le géant incontesté

Production annuelle : Environ 340 000 tonnes
Part des exportations mondiales : Environ 20%

Le Kenya s’est hissé au rang de troisième producteur mondial de thé, derrière la Chine et l’Inde. Ce qui était une culture marginale au début du XXe siècle est devenu, après l’indépendance en 1963, la principale source de devises du pays avec le café.

Les plantations kényanes s’étendent sur plus de 150 000 hectares, principalement dans les régions montagneuses de l’ouest du pays, entre le lac Victoria et le Mont Kenya, à des altitudes variant de 1500 à 2700 mètres. Cette altitude, combinée aux sols volcaniques et au climat équatorial tempéré, confère aux thés kényans une qualité exceptionnelle.

La Kenya Tea Development Agency (KTDA), créée peu après l’indépendance, a joué un rôle crucial dans le développement du secteur en soutenant les petits producteurs, qui représentent aujourd’hui 60% de la production nationale. Les jardins les plus réputés comme Milima, Marynin et Kangaita ont également développé des méthodes de transformation orthodoxes qui produisent des thés en feuilles entières de grande qualité.

L’innovation la plus récente du Kenya est le thé violet, un cultivar spécial riche en anthocyanes, qui représente une avancée significative tant sur le plan gustatif que pour ses propriétés antioxydantes.

2. Malawi : Le pionnier historique

Production annuelle : Environ 50 000 tonnes
Spécialité : Thés noirs CTC et thés orthodoxes de spécialité

Le Malawi détient l’honneur d’avoir abrité les premières plantations commerciales de thé en Afrique, établies dès 1878. Deuxième producteur africain, le pays doit son succès théicole à des conditions climatiques idéales dans les régions de Thyolo et Mulanje, au sud du pays.

Les plantations de Satemwa, près de la ville de Thyolo, à 1100 mètres d’altitude, sont particulièrement remarquables. Leur propriétaire, Alex Kay, y a développé une gamme impressionnante de thés de spécialité : noirs, verts, blancs et même oolong, une rareté en Afrique. Cette diversification fait du Malawi un exemple inspirant pour l’ensemble du continent.

Le thé représente environ 6% des exportations totales du Malawi, ce qui en fait une culture commerciale vitale pour l’économie du pays. Les défis climatiques, notamment une saison sèche de six mois, ont poussé les producteurs à sélectionner des cultivars résistants à la sécheresse, développant ainsi une expertise unique en adaptation aux conditions locales.

3. Ouganda : L’étoile montante

Production annuelle : Environ 35 000 tonnes
Atout principal : Qualité des sols et pluviométrie favorable

L’Ouganda bénéficie d’un climat particulièrement favorable à la culture du thé, avec des précipitations bien réparties tout au long de l’année et des sols riches. La production ougandaise a connu une croissance impressionnante ces dernières années, attirant l’attention des grands groupes internationaux comme McLeod Russel, qui y possède six plantations.

Les thés ougandais sont majoritairement des thés noirs CTC, mais on note une tendance croissante vers la production de thés orthodoxes de qualité supérieure, notamment dans les régions occidentales du pays, à proximité des montagnes du Rwenzori. La proximité géographique avec le Kenya a permis aux producteurs ougandais de bénéficier d’un transfert de connaissances et de technologies.

Le développement du secteur théicole en Ouganda est soutenu par l’Uganda Tea Development Agency, qui, à l’instar de son homologue kényan, encourage les petits exploitants à améliorer leurs pratiques culturales et à investir dans la qualité.

4. Rwanda : L’excellence en altitude

Production annuelle : Environ 22 500 tonnes
Distinction : Thés d’altitude aux arômes raffinés

Surnommé le « pays des mille collines », le Rwanda offre un terroir exceptionnel pour la culture du thé de haute altitude. Bien que relativement récente (environ 70 ans), la culture du thé rwandais s’est rapidement distinguée par sa qualité exceptionnelle.

Le Rwanda se démarque par le fait que 72% de son thé est cultivé en altitude, ce qui lui confère des caractéristiques organoleptiques uniques : fraîcheur, complexité aromatique et notes fruitées délicates. Les thés rwandais sont régulièrement primés dans les compétitions internationales, où ils rivalisent avec les grands crus asiatiques.

Le pays produit principalement des thés noirs, mais a diversifié sa production pour inclure des thés verts et blancs de grande qualité. Le thé représente une source importante de revenus pour le Rwanda, générant environ 15% des exportations nationales totales.

La plantation de Gisovu, située à l’ouest du pays à plus de 2400 mètres d’altitude, est particulièrement réputée pour ses thés d’exception, attirant l’attention d’investisseurs internationaux comme le groupe indien McLeod Russel.

5. Tanzanie : Entre tradition et modernité

Production annuelle : Environ 30 000 tonnes
Particularité : Équilibre entre grands domaines et petits producteurs

La culture du thé en Tanzanie a été introduite dans les années 1920 par des colons allemands, mais s’est véritablement développée après l’indépendance. Les principales zones de production se trouvent dans les régions de Mufindi, Njombe et Rungwe, où l’altitude et le climat offrent des conditions favorables.

La Tanzanie a su développer un modèle équilibré entre grandes plantations et petits producteurs, ces derniers représentant environ 30% de la production nationale. Le Tea Board of Tanzania coordonne les efforts de développement du secteur et encourage l’amélioration de la qualité.

Les thés tanzaniens se caractérisent par leur corps prononcé et leurs notes maltées distinctives. Bien que la production soit majoritairement orientée vers les thés noirs CTC, certaines plantations expérimentent avec succès la production de thés orthodoxes de qualité supérieure.

6. Zimbabwe : Résilience et qualité

Production annuelle : Environ 15 000 tonnes
Point fort : Qualité des thés malgré les défis économiques

Malgré les turbulences politiques et économiques des dernières décennies, le Zimbabwe a maintenu sa réputation de producteur de thé de qualité. Les plantations, situées principalement dans les Eastern Highlands, bénéficient d’un climat tempéré idéal pour la culture du théier.

La marque Tanganda Tea, l’un des plus importants producteurs locaux, s’est forgé une réputation solide sur les marchés d’Afrique centrale et exporte dans le monde entier. Malgré des difficultés de financement qui ont limité le taux d’utilisation des capacités à environ 60%, les producteurs zimbabwéens continuent de produire des thés appréciés pour leur caractère équilibré et leurs notes aromatiques distinctives.

Le secteur théicole zimbabwéen fait preuve d’une remarquable résilience et représente un exemple inspirant de persévérance face à l’adversité économique.

7. Burundi : Petite production, grande qualité

Production annuelle : Environ 8 000 tonnes
Atout majeur : Notes boisées caractéristiques

Le thé est la deuxième source de devises du Burundi après le café, employant environ 300 000 petits paysans. La production burundaise a connu une croissance régulière ces dernières années, passant de 7 500 tonnes en 2009 à plus de 8 000 tonnes actuellement, grâce notamment à une utilisation accrue d’engrais et à des conditions météorologiques favorables.

L’Office du Thé du Burundi (OTB) supervise la production et la commercialisation du thé dans le pays, visant une production de 9 000 tonnes dans les années à venir. Les thés burundais se distinguent par leurs saveurs boisées prononcées, qui les rendent particulièrement adaptés aux mélanges de type « English Breakfast ».

Les plantations sont principalement situées dans les provinces de Cibitoke, Muramvya et Bujumbura, à des altitudes comprises entre 1 600 et 2 000 mètres, ce qui confère aux thés une finesse aromatique remarquable.

8. Mozambique : Renaissance théicole

Production annuelle : Environ 5 000 tonnes
Dynamique actuelle : Redéveloppement après la guerre civile

La production de thé au Mozambique a connu un déclin important pendant la guerre civile (1977-1992), mais connaît depuis une renaissance prometteuse. Les plantations historiques de Gurué, dans la province de Zambézia, sont progressivement réhabilitées, attirant de nouveaux investissements.

Le climat subtropical humide de cette région est particulièrement propice à la culture du théier, permettant la production de thés noirs aux arômes riches et complexes. Le gouvernement mozambicain a identifié le secteur du thé comme prioritaire dans sa stratégie de développement agricole, offrant des incitations aux investisseurs.

Cette relance s’accompagne d’efforts pour améliorer la qualité et diversifier la production, avec des expérimentations récentes dans le domaine des thés verts et des infusions à base de plantes locales.

9. Afrique du Sud : Berceau du thé africain

Production annuelle : Environ 12 000 tonnes
Spécificité : Première nation théicole d’Afrique et leader du rooibos

L’Afrique du Sud a été le premier pays africain à cultiver le thé, avec des plantations établies dès 1877 par des colons britanniques dans la région du Kwazulu. Bien que modeste en volume, la production sud-africaine est réputée pour sa qualité, particulièrement celle du jardin de Kwazulu, qui exporte une partie de sa production.

La particularité de l’Afrique du Sud réside dans sa double tradition théicole : d’une part, la culture du Camellia sinensis, qui reste confidentielle, et d’autre part, celle du rooibos, une plante endémique dont la production « règne en majesté ». Ce « thé rouge » sans théine est devenu emblématique du pays et connaît un succès international croissant.

Les producteurs sud-africains se distinguent par leur engagement en faveur d’une agriculture durable et du commerce équitable, des valeurs qui résonnent de plus en plus auprès des consommateurs mondiaux.

10. Cameroun : L’héritage allemand

Production annuelle : Environ 9 000 tonnes
Originalité : Thés d’altitude des flancs du Mont Cameroun

Le Cameroun est l’un des premiers pays africains où le thé a été introduit, par des colons allemands en 1884. Les plantations principales se situent au pied du Mont Cameroun et dans la région de Djuttitsa, à plus de 2 000 mètres d’altitude.

La production camerounaise s’élève à environ 9 000 tonnes pour 8 000 hectares cultivés. Bien que 90% de cette production soit exportée, principalement vers le Tchad et le Soudan voisins, les thés du Cameroun restent méconnus sur le marché international.

Les théiers cultivés au Cameroun sont des clones de cultivars créés au Kenya, adaptés aux conditions locales. Les jardins de Djuttitsa et N’du produisent des thés orthodoxes de belle facture, qui mériteraient une plus grande reconnaissance internationale.

L’avenir du thé africain : défis et opportunités

Le secteur théicole africain est confronté à plusieurs défis majeurs, notamment le changement climatique, qui affecte les rendements et la qualité, et la concurrence accrue sur le marché mondial. Cependant, de nombreuses opportunités se présentent également.

Diversification et spécialisation

La tendance à la diversification, déjà amorcée au Kenya et au Malawi, constitue une voie prometteuse pour l’avenir. En développant des thés de spécialité (thés blancs, verts, oolongs) et en explorant des cultivars uniques comme le thé violet kényan, les producteurs africains peuvent se différencier sur un marché mondial très compétitif.

Valeur ajoutée et marques africaines

Traditionnellement exportateurs de matière première, les pays africains cherchent désormais à développer leurs propres marques et à créer davantage de valeur ajoutée localement. Des initiatives comme African Tea Masters encouragent la formation d’experts locaux et la promotion d’une culture du thé africaine.

Durabilité et commerce équitable

De plus en plus de producteurs africains adoptent des pratiques agricoles durables et des certifications de commerce équitable. Cette approche répond aux attentes des consommateurs modernes et contribue à améliorer les conditions de vie des communautés productrices. L’agriculture biologique connaît également une croissance significative, notamment en Ouganda et au Kenya.

Conclusion : L’Afrique, terre d’innovation théicole

En moins d’un siècle, l’Afrique s’est imposée comme un acteur majeur du marché mondial du thé, avec une production qui ne cesse de se diversifier et de gagner en qualité. Du thé noir traditionnel aux innovations comme le thé violet, les producteurs africains démontrent leur capacité à conjuguer héritage colonial et créativité africaine pour écrire un nouveau chapitre dans l’histoire mondiale du thé.

Les consommateurs à la recherche de nouvelles expériences gustatives auraient tort de négliger ces trésors théicoles africains, qui offrent un rapport qualité-prix souvent exceptionnel et contribuent au développement économique durable du continent.

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